Le lavage du linge était une activité importante et compliquée jusqu’à ce que l’eau courante apparaisse dans toutes les maisons, c’est-à-dire bien après la deuxième guerre mondiale.
C’est donc depuis un peu plus de 50 ans que les lavoirs ne sont plus utilisés.
Au lavoir, la situation sociale de chacun y apparaissait au grand jour, non seulement par la qualité du linge, mais aussi par le fait que seuls les notables n’allaient pas au lavoir, puisqu’ils employaient des domestiques.
Les lavoirs sont aussi un espace de liberté et d’émancipation pour les femmes.
A propos de l’expression “Laver son linge sale en famille” :
Aujourd’hui, pour laver son linge sale, il suffit d’ouvrir le hublot de la machine à laver, d’entasser le linge dans le tambour, d’ajouter un peu de lessive et d’appuyer sur le bouton de démarrage.
Ce faisant, il est sûr que rien ne sortira de la maison.
Mais autrefois, le linge se lavait au lavoir, en compagnie des autres femmes du voisinage et les commérages allaient bon train. L’endroit, dont le rôle social était extrêmement important, était parfait pour se tenir au courant des potins locaux et même des nouvelles du monde, lorsqu’elles arrivaient dans le coin.
Il permettait aussi aux femmes présentes de parler de leurs différends familiaux et donc de les ébruiter très largement, un secret n’étant bien gardé que lorsque tous ceux qui le connaissent sont décédés.
L’image que contient l’expression est donc simple à comprendre : n’allons pas au lavoir ébruiter nos problèmes et dissensions familiaux (le linge sale) ; lavons (réglons) tout ça chez nous, en famille (au sein du groupe), et nos affaires resteront secrètes.
La naissance de l’expression est souvent attribuée à Voltaire, au XVIIIe siècle. Mais si l’auteur emploie bien “linge sale à blanchir”, c’est pour désigner les poèmes que lui envoie pour correction le roi Frédéric II de Prusse, pas pour parler d’affaires ou de problèmes particuliers.
Par contre, elle aurait été utilisée au cours du même siècle par Casanova, et reprise en plusieurs occasions par Napoléon.
Le lavoir était donc un lieu de convivialité, les femmes savaient s’amuser.
Les rires et les familiarités, les chants et les danses faisaient oublier la rudesse de la tâche.
Il y avait le conflit pour avoir la meilleure place, celle près du feu, où l’eau chauffait, celle plus près aussi de l’arrivée d’eau courante, pour ne pas avoir l’eau déjà salie par d’autres, et puis il fallait se mettre par affinités, les plus pauvres reléguées au loin.
Les lavandières ont disparu et, avec elles, des scènes animées.
Il faudra attendre l’arrivée de l’eau courante vers les années 1960 dans les maisons et les étables pour voir la fin de la corvée d’eau journalière et l’allégement d’un fardeau multiséculaire.
En 1997, Saint Crépin-et-Carlucet, qui possède de nombreux lavoirs, a obtenu une aide de l’Etat (Fonds de gestion de l’espace rural F.G.E.R) de 58 000 F. Cette subvention a permis, entre autres, la restauration des lavoirs de La Bonde, Haute-Serre et Carlucet.
Beaucoup de municipalités actuelles restaurent également les édifices sauvés dans le cadre de la mise en valeur de leur patrimoine communal.
Ainsi, grâce à des particuliers et à l’association AES2C, plusieurs lavoirs de la commune sont entretenus ou en cours de restauration.
Quant aux fontaines elles étaient, avec les puits et les cours d’eau, les seuls lieux d’alimentation en eau potable.
Souvent situées au centre d’une place, elles constituaient également un lieu majeur de la sociabilité villageoise, un lieu d’échanges, de discussions et parfois de conflits, vers lequel convergeaient principalement les ménagères et les enfants, au moins deux fois par jour, le matin et le soir.
Aujourd’hui, si les fontaines ont perdu leur usage domestique, elles n’en restent pas moins des éléments appréciés du patrimoine communal.
Ne manquez pas au bourg du vieux st Crépin la magnifique fontaine du XVIIIe siècle.
D’autres se cachent sur les chemins de randonnée. Vous aurez le plaisir de les découvrir plus ou moins dissimulées au détour des chemins.